10 min lu

Les Lignes aériennes militaires sont les lignes de transport militaires de personnels, de matériels et de vivres, constituées par les Forces aériennes françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale.

En octobre 1940, le Général de Gaulle débarque en Afrique-Équatoriale française et, en juillet 1941, la Syrie passe sous le contrôle de la France libre.

Le Général de Gaulle prend conscience de la nécessité de constituer un réseau de lignes aériennes autonome français pour relier le Moyen-Orient et les territoires d'Afrique ralliés à la France libre. Les Lignes aériennes militaires doivent, entre autres, permettre la communication et les échanges économiques entre les différentes parties de l'Empire rattachées à la France libre et donner à celle-ci la possibilité de s'affranchir davantage de la tutelle britannique. 

Il nomme l'officier des Forces aériennes françaises libres Lionel de Marmier à cette tâche, et les Lignes aériennes militaires françaises sont fondées pour la première fois à Damas. 

Après avoir remis en état l'aérodrome et les avions détruits et abandonnés par les forces vichystes sur ordre des commissions d'armistice au moment de l'évacuation de la Syrie, et après avoir formé des techniciens et des pilotes, la première liaison Damas-Le Caire a lieu le 8 septembre 1941. En dépit des difficultés et du manques de matériel et de personnel, les Lignes aériennes militaires commencent à fonctionner dès la fin 1941.

Mon père Max LAIGLE fait parti des techniciens avion formés á Damas en 1941

Deux mois après la première liaison Damas-Le Caire, le réseau s'étend à plus de six mille kilomètres entre Damas et Brazzaville. Un trafic régulier de transport de vivres, de médicaments et de passagers fonctionne ainsi que des liaisons spéciales à objectifs militaires. La colonne Leclerc est ainsi ravitaillée en vivres et munitions. Après le débarquement en Afrique du Nord, les liaisons des Lignes aériennes militaires françaises s'étendent encore davantage. Lionel de Marmier est nommé directeur des Lignes aériennes en 1943. En octobre 1943, la première liaison Damas-Moscou sera effectuée par le Colonel Lionel de Marmier sur l'avion "Paris", dans le but d'établir une liaison avec la mission militaire de Moscou et les pilotes français du Régiment de chasse Normandie-Niémen qui se battent sur le front soviétique. En mars 1944, le point de départ des Lignes aériennes militaires est fixé à Alger. Les Lignes aériennes militaires permettent alors des liaisons régulières entre les territoires du Moyen-Orient, d'Afrique-Équatoriale française et d'Afrique-Occidentale française, rattachés à la France libre, en desservant les itinéraires Accra-Kano-Fort Lamy, Pointe Noire-Libreville-Douala-Lagos-Accra, Brazzaville-Tananarive-La Réunion, Damas-Téhéran, Damas-Moscou, Damas-Dakar et Dakar-Tananarive. Début 1945, les Lignes aériennes militaires fusionnent avec les Services civils des liaisons aériennes et sont remplacées par le Réseau des lignes aériennes françaises. Le 26 juin 1945, l'aviation civile française est nationalisée. L'ancienne société privée Air France devient propriété de l’État. Une décision du 29 décembre 1945 met fin à l'exploitation du Réseau des lignes aériennes françaises et confie l'ensemble du réseau aérien français à la société nationale Air France.

Qui était Lionel de MARMIER?


Il est le 4e enfant du marquis François de Marmier (né en 1866 à Paris) et d’Adèle PICAUD (née en 1870 à Saint-Silvain-Bellegarde, Creuse. Du couple naissent 4 enfants ; François en 1892 (futur pilote), René en 1893 (futur pilote), Rose en 1896 et Lionel en 1897 (futur pilote). 

De la classe 1917, Lionel devance l’appel pour s’engager pour combattre comme pilote dans l’aviation où servent déjà ses 2 frères. Il obtient son brevet de pilote militaire (n° 3847) le 2 juillet 1916 et le brevet de pilote civil (n° 4086) sur avion Farman, le 10 août 1916. 

Il est affecté successivement aux escadrilles 112 et combat aux commandes des avions de chasse Nieuport 17, 23,

A la fin de la guerre, Lionel est lieutenant de réserve et il a été crédité de 6 victoires homologuées. Il est titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille Militaire. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il est démobilisé en 1919. Il poursuit le pilotage dans le civil et à partir d’octobre 1919, il est pilote d'essai chez NIEUPORT, puis pilote de ligne à la CFRNA (Compagnie Franco-Roumaine de Navigation Aérienne) ensuite pilote d'essai chez le constructeur Henri POTEZ. Il participe à la mise au point du Potez 28 avec lequel il bat 9 records mondiaux de distance avec charge. Il est également passionné d'automobile (photo). Entre 1923 et 1927, il participe, en France et à l’étranger, à plus de 20 courses sur voiture française de marque SALMSON. Il court entre autre les 24 heures du Mans dans la Sarthe et termine plusieurs fois 1ers aux Grands Prix du circuit de Montlhéry dans l’Essonne. 

Il est embauché à l’Aéropostale en 1930, en qualité de pilote, avant de devenir pilote d’essai en 1933 à la compagnie AIR-FRANCE, année de sa création. Il est promu officier de la Légion d'honneur par décret du 15 février 1930 puis commandeur de la Légion d'honneur le 20 janvier 1936. 

Lionel de Marmier se marie le 23 février 1935 à Paris (75015) avec Marie Yvonne Renée LANGLAIS (née le 8 juin 1906 à Paris). Du couple naissent 2 garçons : François en 1935 et René en 1938. 

De 1936 à 1939, Lionel participe à la guerre d’Espagne, du côté de la jeune république espagnole, contre les nationalistes. 

Il est mobilisé, pour la 2e guerre mondiale, le 25 août 1939, comme commandant de réserve de l'Armée de l'Air. Le 3 juin 1940, il abat deux avions ennemis au-dessus de Villacoublay puis un autre au-dessus d'Étampes, ce qui porte à 9 le nombre de ses victoires aériennes. 

Le 27 juin 1940, il réussit à gagner Plymouth en Angleterre (via Saint-Jean-de-Luz dans les Pyrénées-Atlantiques) et devient ainsi le premier officier supérieur de l'Air à se ranger aux côtés du Général de Gaulle. Il signe son engagement au titre des F.A.F.L. (Forces Aériennes Françaises Libresle 28 juin 1940 à Londres.

Il est chargé, le 12 août 1940, de former le premier groupe de combat, appelé G.C.1 (groupe de combat n° 1) constitué de 4 escadrilles. Lionel et son groupe débarquent à Douala au Cameroun, le 23 septembre 1940, il y rencontre le Général LECLERC (Philippe Leclerc de Hauteclocque) qui vient de rallier le Cameroun à la France-Libre. Du 1er au 11 novembre 1940, le G.C.1 assure des missions de mitraillage et de bombardement contre les points fortifiés de Libreville et de Port-Gentil. Le Gabon se rallie à la France-Libre. A partir du 25 novembre 1940, les avions du G.C.1 regroupés à Fort-Lamy au Tchad avec ceux des trois escadrilles du groupe Topic, forment le G.R.B.1 (groupe réservé de bombardement n° 1). En janvier 1941, Lionel établit une base à l'oasis d’Ounianga-Kébir au Tchad d'où partent les missions de bombardement des positions italiennes de Koufra en Libye, les 2, 5 et 10 février 1941, appuyant ainsi la marche du Général LECLERC. Le 22 mars 1941, le lieutenant-colonel de Marmier est désigné par le Général de GAULLE, pour organiser les unités de chasse et de bombardement, situées au Moyen-Orient. A cet effet, il est nommé adjoint Air du Général Georges Catroux au Caire en Egypte. Le Général de Gaulle désirant regrouper tout le personnel disséminé dans les unités britanniques, sous les cocardes françaises, Lionel replie le personnel et le matériel du G.R.B.1 à Damas en Syrie, le 13 août 1941.Le 11 septembre 1941, il fonde le Groupe "Lorraine" . A partir de fin 1941, le Général de Gaulle lui confie l'organisation des L.A.M. (Lignes Aériennes Militaires) au Moyen-Orient dont il est nommé directeur en 1943. Il est promu colonel le 15 mars 1942.  

A la Libération, Lionel atterrit en France et accompagne le Général de Gaulle à Paris. Lors de la descente des Champs-Élysées le 25 août 1944, il est placé sur le même rang que les Généraux (photo, 1er à gauche). Il est promu général de Brigade Aérienne le 25 septembre 1944. 

Le 30 décembre 1944, Lionel de Marmier, âgé de 47 ans, trouve la mort en mer méditerranée, avec 12 autres personnes, dans l’accident d’un avion bimoteur Lockheed C.60 qui le ramenait d'Alger en France. Il venait à Paris pour prendre la direction de la compagnie Air-France.

 A titre posthume, Lionel de Marmier est décoré, lors de la 1ère promotion de la médaille de l’aéronautique française crée en 1945. En 1947, il est décoré de la médaille de la résistance. Depuis son décès de très nombreux hommages (civils et militaires) sont rendus à Lionel de Marmier. Pour n’en citer que quelques-uns, son nom est gravé sur plusieurs plaques commémoratives en France et à l’étranger, son nom est donné à deux avions le Laté 631 F-BANT

et un Robin DR 253 F-BPRX.


A trois rues ; à Biscarrosse dans les Landes, à Chelles en Seine-et-Marne et à Toulouse-Blagnac en Haute-Garonne, au stade municipal à Bellegarde-en-Marche dans la Creuse, à la Base Aérienne 101 de Toulouse-Francazal (1883-2009), à un square à Cugnaux dans la Haute-Garonne, etc. En 2005, un équipage (dont Fernande Bonnemain) porte le nom de  « Lionel de Marmier » lors du raid aérien « Sur les traces de l’Aéropostale » au départ de Toulouse-Lasbordes, puis l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie, Saint-Louis-du-Sénégal et retour sur Toulouse. Cet équipage a fait honneur à son parrain en terminant sur le podium en 3place. Le dernier hommage en date rendu à Lionel de Marmier a lieu au cours de la cérémonie du 1er juillet 2011, à la Base Aérienne 701 de Salon-de-Provence, Bouches-du-Rhône. La promotion 2010 des 72 élèves officiers de l'Ecole de l'Air est baptisée et reçoit le nom de " Promotion Général Lionel de Marmier" . L’aquarelle ci-dessous est commandée à cette occasion et réalisée par Tiennick Kérével, peintre officiel de l’air. Elle représente Lionel de Marmier jeune, au centre en vol le Caudron 714 qu’il pilotait au GC 1/145 en 1940 avec lequel il obtint 2 victoires contre 2 avions Heinkel HE 111 allemand aussi représenté et au sol le Dewoitine D 338 Belfort des L.A.M. à Bangui en République Centrafricaine en 1942 (Foxtrot Charlie (France Combattante) - Alpha Québec Bravo) 

LE CERCLE AEROPHILATELIQUE FRANCAIS  en août 2018 consacre son BULLETIN D’INFORMATION N°75 aux Lignes Aériennes Militaires (L.A.M.) de la France Libre.

Par Gérard COLLOT, Vital FERRY, Dominique PETIT.

La revue ICAR consacre sont numéro 102 aux Lignes Aériennes Militaires  L.A.M.


En 1947, l'Entr'aide Française souhaite pour son profit une émission de timbres de poste aérienne rendant hommage aux pilotes de guerre français connus ou méconnus, morts au combat dans la campagne de France de 1940 ou à la Libération en 1944. Selon la presse de l'époque, les pilotes retenus doivent être «  représentatifs de l'aviation française  ». L'administration des Postes porte son choix initial sur trois personnages, illustrant le monde de l'aviation et la valeur des hommes qui le composant : Antoine de Saint-Exupéry, Lionel de Marmier et Jean Dagnaux.  

Laurent Albaret

Historien, spécialiste de l'aéropostale en France et de la Poste pendant les conflits, président de l'Union marcophile. 

Lundi 18 avril 2022, décès de notre ami Lucien SERES. Certainement le dernier survivant à avoir côtoyé Lionel de Marmier .

Le 09 aout 1944, dans le cadre d'augmentation d'effectif des T.A.M. ( Transports Aériens Militaires) Lucien SERES été engagé comme manœuvre par Lionel de Marmier.

C'est à cette époque que Lucien SERES et mon père Max LAIGLE ce sont côtoyés. 

Lucien SERES a consacré toute sa vie professionnelle  à l'aéronautique. 


Sources & remerciements : 

Toute la belle famille LACLAVERE pour leur dévouement à soutenir Lucien SERES durant ses dernières années.

 Michel BONNEROT et Donald HILL www.amicale-salmson.org 

Colonel Jean-Pierre PUCHEU, Officier tradition, BA 101 Toulouse-Francazal (31) François RUDE, directeur de la revue ICARE   www.revue-icare.com

Philippe LECONTE de l’Association « Histoire de Méaulte » à Albert (80)   

Robert ESPÉROU, livres « Histoire du transport aérien français » et 

« Air-France des origines à nos jours » 

Jean-Claude AUGST, membre d’honneur de l’Amicale des F.A.F.L.  www.france-libre.net      

Jacques GHEMARD « Histoire des Français Libres»    www.francaislibres.net  

Général Yves BUFFAT de l’Armée de l’Air  www.aea.asso.fr/public/lepiege  

Les Archives du musée de la Compagnie Aérienne AIR FRANCE à Paris (75007)  www.airfrancemusee.org 

Les Archives du Service Historique de l’Armée de l’Air à Vincennes  www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr 

L’ONAC (Office National des Anciens Combattants) de la Creuse à Guéret (23). 

Les Archives Départementales de la Seine à Paris (75) 

L’association Les Vieilles Tiges « Pilotes d’hier et de demain»    www.vieillestiges.com 

L ’ école des Officiers de l’Air à Salon de Provence https://www.ecole-air-espace.fr/

 Mise en œuvre en 2012 par:

Fernande Bonnemain 

Créatrice d´Air Mémorial Creusois á Bellegarde en Marche dédier à Lionel de Marmier ainsi que du musée de l ´aéronautique.

www.airmemorialcreusois.fr

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.